Lorsqu’on évoque les problèmes comportementaux des chiens, on entend souvent parler de l’hyperattachement et de l’anxiété de séparation. Cependant, bon nombre de propriétaires ne parviennent pas à reconnaitre les signes de ce mal-être du chien, et ne savent pas comment procéder pour résoudre ce comportement et contribuer au bien-être de leur compagnon.
Qu’est-ce que l’hyperattachement ?
L’hyperattachement du chien correspond au fait que celui-ci s’attache excessivement à son propriétaire et/ou sa famille. Bien sûr, la relation entre un maître et son animal doit être de confiance et l’attachement mutuel de façon classique est tout à fait normal. Mais poussé à l’extrême, cela peut devenir une source de mal-être chez le chien, mais aussi chez son maître.
Les raisons de l’hyperattachement chez le chien
Le chien est un animal social : il a besoin d’une meute ou d’un groupe, en tous cas de vivre en communauté pour être épanoui et bien dans ses pattes. Il a également besoin de repères sociaux, qu’il trouvera le plus souvent auprès de ceux de son espèce et notamment de sa mère.
Avec elle, le chiot va développer un attachement primaire : à son contact, elle va être sa figure d’attachement principale, l’être vers lequel il se tournera s’il a peur ou en cas de stress par exemple. Cependant, elle va aussi lui apprendre à se détacher d’elle et lui enseigner l’indépendance aux alentours de 4 mois normalement.
Néanmoins, les chiots sont en règle générale adoptés très tôt, à l’âge de 8 semaines. Dans ce cas, ils ne sont pas restés suffisamment de temps auprès de leur mère pour qu’elle leur apprenne l’indépendance, alors c’est à leur nouveau maître de le leur enseigner.
Bien sûr au début de la cohabitation entre le nouveau maître et le chiot, un contact rapproché est nécessaire pour qu’il prenne ses repères, qu’il se sente en sécurité et à sa place auprès de sa nouvelle famille. Le chiot va s’attacher à son maître (qui réciproquement va s’attacher au chiot) : c’est ce climat fusionnel qui va privilégier un hyperattachement.
Par conséquent, il est important de lui apprendre à se détacher, à devenir plus indépendant si on ne veut pas que cet attachement devienne excessif et qu’il soit dépendant de sa famille.
C’est d’autant plus le cas si l’animal ne vit pas avec d’autres chiens, ou que son maître ne lui laisse pas la possibilité d’explorer des comportements normaux (comme c’est parfois le cas des petites races qui sont souvent portées dans les bras).
Un chien qui développe un hyperattachement dit primaire, c’est-à-dire à son maître et uniquement celui-ci (car il fait office de figure de référence pour lui), va adopter un comportement de stress lorsqu’il est séparé de son propriétaire. Ces comportements peuvent apparaitre très tôt, vers l’âge de 6 mois environ.
Il existe cependant une autre forme d’hyperattachement, dit secondaire, qui est pour sa part lié à un traumatisme comme une phobie ou une peur particulière.
Dans ce cas, la ou les figure(s) d’attachement (car il peut alors y en avoir plusieurs) sont considérées comme des palliatifs à l’anxiété. En leur absence, la phobie peut reprendre le dessus et le chien voit son anxiété qui refait surface. En cas d’hyperattachement secondaire, il est essentiel de traiter la cause, c’est-à-dire la raison qui favorise cet hyperattachement, plutôt qu’uniquement son rapport à l’Homme et aux personnes dont il a besoin.
Les conséquences de l’hyperattachement du chien
Bien sûr, les conséquences directes de l’hyperattachement sont des problèmes comportementaux observés à la fois en l’absence du maître, mais aussi quelques fois lorsqu’il est avec lui.
Les signaux en présence du maître
Lorsque son maître est présent, le chien souffrant d’hyperattachement va avoir tendance à le suivre de partout. Il n’est pas rare d’entendre les propriétaires s’amuser du fait que leur compagnon les retrouve aux toilettes ou dans la douche. Cependant cela traduit un véritable problème de fond.
Par ailleurs, le chien va aussi être en recherche de contact physique avec sa personne d’attachement, en réclamant des caresses, en léchant, en demandant de l’attention, des jeux voire en mimant le comportement du chiot (posture de soumission par exemple).
Dans certains cas, il peut également avoir tendance à surprotéger son maître et devenir agressif envers les autres personnes ou les autres animaux.
Les troubles comportementaux lorsqu’il est seul
Lorsqu’il se retrouve seul à la maison, le chien victime d’hyperattachement va développer de l’anxiété de séparation. Elle se manifeste par exemple par :
- Des destructions ;
- De la malpropreté ;
- De l’agitation ;
- Des vocalisations ;
- De l’automutilation (léchage excessif des pattes...).
Les destructions sont en général très mal vécues par les maîtres et peuvent quelques fois coûter cher (sans compter qu’elles peuvent s’avérer dangereuses pour le chien).
Si on a tôt fait de penser que l’animal se venge, il ne faut pas oublier que ce n’est absolument pas le cas. En effet, en raison de la solitude, l'animal va souvent aller chercher des affaires de la personne qui lui manque et qui portent son odeur (celles de son propriétaire le plus souvent).
Il va les prendre avec lui, les mordiller voire les détruire. Cela traduit une forme de mal être qui n’a rien d’un acte de vengeance.
Que faire si mon chien souffre d’hyperattachement ?
Une éducation du chiot cohérente, la clé pour éviter l’hyperattachement
Si votre chien souffre d’hyperattachement, il est important d’en déterminer la cause (s’il s’agit d’un hyperattachement primaire ou secondaire) pour réussir à y remédier voire à le guérir.
Quoiqu’il en soit, l’éducation du chiot et du chien prend ici tout son sens, car c’est en lui apprenant à rester seul et à devenir autonome qu’il parviendra à être un animal équilibré et bien dans ses pattes.
Il est donc essentiel d’éduquer son chiot et de lui apprendre l’indépendance dès son plus jeune âge (vers 4 mois), comme sa mère l’aurait fait.
- Ne le laissez pas vous suivre de partout, repoussez-le gentiment ou mieux ignorez ses demandes d’attention ;
- Évitez de dormir avec votre chien ;
- Gardez en tête que les jeux et interactions doivent venir principalement de vous et non de lui ;
- Sortez régulièrement de chez vous, même pour quelques minutes sans lui, ou allez dans une autre pièce, et banalisez les départs en n’instaurant aucun rituel ni phrase annonçant celui-ci. Il en va de même pour les retours ;
- Et dans tous les cas, surtout, ne le punissez jamais à votre retour s’il a fait des bêtises : il ne comprendra pas la raison de votre colère, et finira par associer votre arrivée à une correction et donc sera d’autant plus stressé en votre absence !
Un lieu de vie adapté en cas d’absence
Quoi qu’il en soit, il est important de veiller à ce qu’il ne coure aucun danger lorsque vous êtes absent. Si votre animal à un comportement destructeur, il peut endommager puis avaler certains éléments et par conséquent risquer de tomber malade voire d’être victime d’un accident.
Aussi, vous pouvez réduire son accès à la maison à seulement une pièce ou deux, ou à l’extérieur s'il est sécurisé. Ne laissez pas à disposition des meubles ou des objets de valeur ou faciles à détruire afin de limiter les dégâts.
Il est également possible de lui offrir une cage adaptée pour restreindre son lieu de vie en votre absence. Souvent, le fait d’être dans un endroit clos, qu’il connait, où il va avoir son odeur, va avoir tendance à le calmer. Cependant il doit y être habitué et le temps dans cette cage doit être réduit au maximum (quelques heures au plus). De nombreux modèles existent sur le marché, comme la Fido Nook d’Omlet, conçue pour nos compagnons.
Passez du temps avec son chien avant de partir
Avant de vous absenter et pour éviter au maximum les dégâts, notamment ceux liés à la propreté, il est important de sortir son chien avant le départ. Cela lui permet de se défouler, de faire ses besoins, de passer du temps en compagnie de son propriétaire et de relâcher la pression.
N’oubliez pas que le fait de devoir l’ignorer un peu ne vous empêche pas de jouer ensemble, d’aller vous promener, de le caresser : votre animal en a besoin, et vous aussi ! Cela vous permet également de recréer un lien de confiance avec votre compagnon, qui a rapidement fait de se détériorer si vous stressez lors de chaque départ et pour chaque objet détruit.
Par ailleurs, tâchez également de réduire votre stress, car le chien peut ressentir l’anxiété de son maître et développer alors du stress à son tour.
Positiver la solitude et respecter ses besoins fondamentaux
Le chiot (ou le chien) doit apprendre à devenir indépendant, à ne pas craindre (voire redouter) le fait de se retrouver seul et surtout à y éprouver un plaisir : cela facilitera la tâche. Vous pouvez par exemple lui proposer des jeux d’occupation durant vos absences pour qu’il associe la solitude à un moment positif.
Pour ce faire, vous pouvez lui donner des jeux ou des friandises qui vont respecter ses besoins fondamentaux.
Les besoins fondamentaux des chiens
Le chien a des besoins fondamentaux qu’il est essentiel de respecter quotidiennement pour son bien-être. En effet, au-delà de lui apporter une nourriture appropriée, un lieu de vie agréable et des soins (et beaucoup d’amour !), il est important de lui permettre aussi d’avoir :
- des activités physiques adaptées à sa race, son âge, sa condition physique ;
- des activités sociales et des interactions avec d’autres chiens ;
- des activités vocales : aboyer à sa guise, grogner… ;
- des activités mentales avec des jeux d’occupation le faisant réfléchir ;
- des activités masticatoires, comme ronger un os, un jouet ou encore un bâton…
Bien souvent négligées, ces activités sont pourtant nécessaires au bien-être de votre chien, car elles constituent un comportement naturel qu’il doit assouvir. D’ailleurs, quelques fois, un manque dans l’un ou l’autre de ces besoins fondamentaux peut entrainer un problème de stress qui peut être confondu avec de l’anxiété de séparation.
Que lui donner pour l’occuper pendant les absences ?
Parmi les activités idéales à proposer à votre chien pendant vos absences, les objets lui permettant de stimuler son besoin de mâchouiller et de faire travailler son cerveau sont parfaitement appropriés. Il existe de nombreux jouets d’occupation conçus pour les chiens, mais pour un animal souffrant d’hyperattachement il faut vraiment lui proposer quelque chose de très stimulant pour que ce moment soit le plus positif possible. Les friandises pour chiens sont donc parfaitement recommandées dans ce cas.
Il reste cependant nécessaire de lui offrir des produits adaptés à sa taille, sa race et son âge, et bien sûr, les plus sains possibles.
Le choix est assez vaste, donc afin de vous aider à trouver ceux qui seront les mieux appréciés par vos compagnons, voici notre sélection de friandises pour chiens.
Les friandises séchées pour chien
Il existe de nombreuses sortes de friandises séchées, comme les pattes de poulet ou les oreilles de bœuf par exemple. L’avantage des friandises séchées réside donc dans la diversité des produits, qui permet de proposer régulièrement de nouveaux goûts et de nouvelles textures à son animal et de voir s’il a des préférences… ou pas !
Certaines peuvent être très solides, comme les nerfs de bœuf, ou au contraire très tendres comme les filets de poulet séchés.
D’autres encore peuvent être garnies d’une farce pour les rendre plus amusantes, comme les sabots de bœufs.
Afin de sortir un peu de l’ordinaire, vous pouvez aussi donner à votre animal de la peau de poisson séchée. Cette friandise différente est très souvent appréciée des chiens ! Par ailleurs, le poisson est une viande très intéressante : le processus de séchage favorise en effet la conservation de tous les nutriments. Riche en oméga 3 et en collagène, le poisson est bon pour la santé, le pelage et les articulations de nos compagnons.
Le fromage de Yak
Le fromage de yak est l’une des friandises les plus résistantes que l’on peut trouver sur le marché des gâteries pour chiens. Ce fromage est fabriqué traditionnellement à partir de lait de yak, mais on le trouve fréquemment à base de lait de vache. Son procédé de fabrication le rend extrêmement dur, et relève son goût fumé très apprécié des chiens.
Très riche en protéines, il est parfaitement adapté pour nos compagnons, qui verront en ce fromage un encas et un jouet très divertissant. Attention toutefois en raison de sa solidité, il est prudent de surveiller votre animal lors des premières utilisations s’il a les dents sensibles, ou qu’il s’acharne un peu trop dessus.
Le bois de cerf (entier ou tranché)
Le bois de cerf est un produit fréquemment utilisé pour permettre aux chiens de s’occuper. Provenant de la mue naturelle des cervidés, le bois est constitué d’une partie osseuse externe très résistante, et d’une partie centrale en moelle, dont les chiens raffolent. En essayant de récupérer la moelle, ils vont avoir une activité très enrichissante qui pourra les divertir efficacement de longues heures.
Le bois de cerf peut également être trouvé tranché, ce qui permet au chien d’avoir un accès direct à la moelle sans devoir mâchouiller pendant des heures. Il est plus adapté aux chiens jeunes, âgés ou qui ont tendance à être des mâchouilleurs trop vigoureux.
Quels traitements pour lutter contre l’hyperattachement?
Bien sûr, il existe aussi différents traitements qui pourront apaiser votre chien s’il souffre d’hyperattachement. Cependant il ne faut pas oublier qu’ils ne permettent pas toujours de résoudre le problème principal.
Vous pouvez dans un premier temps vous orienter vers des solutions naturelles, comme l’homéopathie (gelsemium, aconit) ou encore les Fleurs de Bach (il existe des mélanges conçus spécialement pour les animaux stressés).
L’aromathérapie est aussi envisageable, avec une diffusion d’huiles essentielles comme la Camomille Noble, ayant des propriétés anxiolytiques chez le chien.
Il est possible de trouver des diffuseurs d’apaisine en collier ou à brancher. L'apaisine est une phéromone naturelle et relaxante secrétée par la chienne et rassurant les chiots. Elle permet de calmer les adultes dans certains cas.
Dans les cas extrêmes, votre vétérinaire pourra également prescrire des médicaments pour réduire les angoisses de votre animal, comme l’anxitane ou le calmivet.
Conclusion sur l'hyperattachement du chien
Lorsque notre compagnon souffre d’hyperattachement, on peut vite se sentir perdu. Le stress monte à la fois du côté du chien, mais aussi de celui du maître, qui peut éprouver de l’angoisse quand il laisse son animal seul, avoir peur des bêtises potentielles à son retour, et du coût des dégâts... Le risque d’abandon est alors important, et cet acte sera encore plus néfaste pour le chien.
Avant de se sentir dépassé, que votre chien soit adulte ou au contraire qu’il vienne juste d’arriver dans votre foyer, n’hésitez pas à mettre en pratique nos conseils, et surtout à vous faire aider si vous en ressentez le besoin. Faire appel à un professionnel, comme un éducateur canin spécialisé par exemple, pourra réellement vous être utile pour éviter le pire ou pour sortir de cette impasse.
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